Menu
Libération
Portrait

Le Net explorateur

Article réservé aux abonnés
publié le 7 avril 2001 à 0h26

Il n'est pas facile de trouver Aillevillers sur une carte, aux confins de la Haute-Saône et des Vosges. Pourtant, pour le petit Georges Balandier, qui avait une moitié de son ascendance dans l'une et l'autre dans l'autre, il y avait si loin entre la Franche-Comté et la Lorraine qu'il avait l'impression de «changer d'univers» en franchissant les quelques kilomètres qui les séparaient. Des deux côtés, pourtant, une même tradition artisanale, un grand-père sculpteur sur bois, l'autre bottier. Il reconnaît encore dans ces origines son «goût de passer les frontières, y compris académiques» mais aussi son attention au travail manuel, aux jeux de la main et de l'outil. Prémisses, peut-être, de sa vocation d'anthropologue, à cheval sur plusieurs disciplines.

Sa soif d'ailleurs, son goût de l'aventure (déjà, son assiduité à l'école buissonnière) se nourrissaient aussi de quelques légendes familiales. Côté paternel, un ancêtre élève officier, embarqué dans l'aventure franco-mexicaine et qui rend leur liberté à ses prisonniers juaristes. Condamnation à la dégradation et, pour finir, une vie d'écrivain public dans un petit village de l'Est, avec une paysanne illettrée pour épouse. Côté maternel, un autre arrière-grand-oncle coureur de fortune à Madagascar qu'on disait amant et conseiller de la dernière reine mérina, Ranavalona III. Autre clin d'oeil d'un destin encore lointain d'africaniste: quand son père cheminot est nommé à Paris, il se souvient que c'était «l'année de l'Exposition co