Il y a chez Gilles Jacob beaucoup de paradoxes. D’abord cette réserve de l’homme très bien élevé, qui contraste avec la fonction de président du Festival de Cannes, la plus grosse foire aux vanités exhibitionnistes du monde, grandeur et vulgarité comprises. La distance un peu froide ensuite, typique des serviteurs de la République, dont la manifestation est une danseuse officielle. Mais si l’allure, le style, trahissent une haute idée de sa mission, cette raideur est compensée par une souplesse de diplomate: indispensable pour se maintenir vingt-cinq années durant à la tête du monstre cannois.
Car s'il est une chose indiscutable, c'est l'extrême habileté avec laquelle Gilles Jacob a tenu les rênes de l'hydre, au moins depuis 1976, date de ses premiers pas dans les arcanes du festival , jusqu'à cette année 2001, celle de la 54e édition et la première d'une nouvelle ère puisqu'il en est désormais devenu président et a mis en place Thierry Frémaux pour lui succéder. «Cela signifie surtout que je ne serai plus obligé de visionner 500 films et plus. Je me contenterai d'environ 80, juste les meilleurs. Pour moi, c'est le luxe des luxes.»
Cette notion de luxe, Gilles Jacob la décline souvent, manière pour lui d'indiquer qu'il a bien conscience d'avoir décroché un job qui fait rêver: «C'est le plus beau métier du monde. Je passe près de 90 % de mon temps à rencontrer des gens passionnants, à avoir des surprises et à regarder des films. C'est ça le vrai luxe.» Pour mieux dire encore ce