Les Dils se sont rencontrés au bal, «comme tout le monde», sourit Jean. C'était à la fin des années 60. Jacqueline était sténo à la DDASS, lui, ouvrier chez Citröen. Sur les photos, elle est blonde, pâle, des yeux bleus. Et lui, tout sourire. Ils ont eu un garçon, Patrick, le portrait de sa mère, longiligne et taciturne. Elle s'est arrêtée de travailler, puis Alain est né. Tout sa mère lui aussi. «Quand Jacqueline passe, je vois Alain», rigole encore Jean. La famille vit dans la maison que les parents de Jacqueline avaient achetée rue Vénizelos, à Montigny-les-Metz, au bas du long talus qui borde les voies ferrées de l'express Paris-Metz. Le père de Jacqueline était cheminot.
Voilà les Dils. Les plaisanteries du père, l'austérité de la mère. Et les garçons qui poussent. Une famille où l'intimité consiste d'abord à rester ensemble. Quand Jacqueline est là, Jean n'est jamais loin. Quand Jean commence une phrase, Jacqueline l'achève. Le week-end, tout le monde partait dans une petite maison qu'ils avaient dans la Meuse. Les enfants étaient déjà grands. Patrick, 16 ans, Alain, 13. Mais, comme dit Jean, «j'aime pas laisser les gosses, on les prend avec». Le dimanche 28 septembre 1986, vers 18 heures, les Dils sont de retour à Montigny. Ils ont ramassé des pommes. C'est Jacqueline qui conduit, une GS Citroën. Jean ouvre le portail, Alain aide à décharger, Patrick va faire un tour au bas des voies ferrées. Le soir même, on a retrouvé, couchés sur les rails, à deux cents mètres de la