Menu
Libération
Portrait

Petit-fils du destin.

Article réservé aux abonnés
Denis Seznec, 53 ans, hanté par son grand-père Guillaume, condamné malgré le doute. Grâce à lui, la réhabilitation est proche.
publié le 21 mai 2001 à 0h56
(mis à jour le 21 mai 2001 à 0h56)

La tendresse, c'était quand Jeanne serrait Denis en l'appelant «mon petit Seznec». Lorsqu'elle était en colère, la mère disait toujours la même chose: «Ah, tu es bien Le Her!» Cela a duré dix-sept ans, l'enfance entière à n'y rien comprendre.

Seznec comme Guillaume, le grand-père. Et Le Her, comme son père. A l'école, Denis était Le Her: «Ta mère et ton grand-père sont des assassins», entendait-il. A la maison, il était Seznec. «Et chez nous, on cachait tout, même entre nous. Parce qu'on avait honte. Pas de l'injustice, mais du malheur. Personne ne m'a jamais rien expliqué.» Il sort deux photos de journal, la plus ancienne a 74 ans: «Guillaume Seznec aux assises de Quimper pour le meurtre d'un conseiller général.» Sur l'autre cliché, de 1949, sa mère est dans le même box: «Jeanne Le Her-Seznec aux assises de Quimper pour le meurtre de son mari.» François Le Her, témoin principal de la défense au procès de 1923, avait sans doute permis à Seznec d'échapper à la peine capitale. Il avait épousé la fille du bagnard à perpétuité, une dizaine d'années plus tard. Ils ont eu quatre enfants. L'histoire, arrêtée là, était belle. Mais le mari était violent, il menaçait de revenir sur son témoignage. Jeanne l'a tué d'un coup de revolver le 3 octobre 1948. Elle a été acquittée à l'unanimité, en deux minutes.

Denis, 2 ans, devient mutique. Il sourit, pleure, joue, mais se tait. La famille vit dans un deux-pièces du XIIIe arrondissement à Paris. Guillaume Seznec, revenu de Cayenne en 1947 apr

Les plus lus