Condamnation. «Vous tomberez amoureux d'elle», a asséné l'attaché de presse. De grâce, gens de promo, ce serait d'un commun. Dans son dernier film, elle tombe déjà tout un village de la Sicile mussolinienne. Sans dire un mot, sans battre des cils, sans forcer le ondulement des hanches. Il suffit qu'elle traverse la piazza pour que le désir fasse grimacer les hommes, pour que la jalousie enlaidisse les femmes, pour que les adolescents se figent derrière leurs érections triomphales. La Malena de Tornatore, ex- Cinéma Paradiso, est un canon à neutrons qui n'épargne rien de ce qui est humain. Elle s'inscrit dans l'espace et c'est déjà l'odyssée: héroïne muette, objet de fantasme, objet tout court, elle hystérise une société qui se rêve une grandeur et, médiocre, s'imagine l'avoir trouvée avec le Duce. Quand la beauté vient déstabiliser l'ordre fasciste... Tout ça par le pouvoir de Monica qui porte beau les vêtements de Malena. Faut-il n'être qu'une plastique pour incarner un personnage à travers son seul physique? La Bellucci, une question de pures formes?
Le grand écran l'aime sans voix. Coppola, en 1992, l'avait déjà voulue muette dans son Dracula. T'es toi et t'es belle. Et pourtant, même sans paroles, en dix années de cinéma parlant, et avant même la vogue latino des Jennifer, Penelope et autres Salma, elle est devenue la super-Latine qui attire les superlatifs: «sirène», «déesse» «madone», «nouvelle bombe». Elle convaincrait que Cinecitta est ressuscité. Qu'on a retrouvé la