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portrait

Il tourne rond

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Claude Chabrol en 2003 (REUTERS/Christian Charisius)
publié le 6 août 2001 à 0h20
(mis à jour le 6 août 2001 à 0h20)

Avec Francis Ford Coppola, ils avaient mis au point un rituel bien huilé : dès qu'ils se rencontraient, le plus souvent dans un festival, ils commençaient par se soulever, avant l'accolade complice. «C'était une manière de se jauger, de voir comment allait la forme», explique Chabrol, qui finit par avouer une autre raison: «C'est aussi une habitude de bouffeurs, on soupèse la bombance de l'autre...» Les rondeurs ne mentent pas et cette cérémonie réunissait les deux cinéastes les plus «mangeurs» du circuit international.

Dans le cinéma, il y a les gros ronds (Renoir, Welles, Hitchcock) et les petits minces (Chaplin, Mizoguchi, Truffaut), sans oublier les grands maigres (Hawks, Antonioni, Tati). Cela n'implique pas d'oeuvrer dans un genre particulier (il existe des polars gras et poisseux, d'autre blèmes et secs comme un coup de trique), mais être rond c'est une vision du monde, ce qui sert quand on est cinéaste. Coppola et Chabrol sont les ronds les plus célèbres du cinéma contemporain et partagent la même passion pour «la bouffe», comme le dit sans détour le Français. Le Californien possède même l'un des domaines viticoles les plus fameux de la Napa Valley. Chabrol vit aussi dans les vignes, près d'Angers. Et quand ils se rencontrent encore, moins souvent, ils échangent des bonnes adresses de restaurants. Ils ne se soulèvent plus, «depuis une quinzaine d'années». «On est devenu trop gros, on a fait exploser les limites de la goinfrerie», pr

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