La Baleine, c'est le joli nom de la piscine municipale de Saint-Denis, ersatz de «station balnéaire», sans sable ni mer, pour les gosses des cités oubliés des vacances. Kamal-Pascal Allée est maître-nageur-sauveteur (MNS). Mais ici, dans les quartiers HLM de la banlieue nord, les MNS sont tout à la fois éducateurs, médiateurs, agents de prévention. Circonscrire à temps un conflit, une dispute, une bagarre fait partie de leur boulot au quotidien. «Il faut faire en sorte qu'on n'ait jamais besoin d'appeler la police.»
Exercice pratique cet après-midi-là du mois de juillet. Le soleil brille et il y a foule dans l'eau et autour des bassins. Une adolescente s'empare d'une perche de sauvetage posée sur des marches. Coup de sifflet immédiat. «Ça peut vite dégénérer. Il suffit que d'autres veuillent se saisir de l'objet. Ça va se bousculer et après on ne contrôle plus rien.» Un peu plus tard, un groupe de cinq pré-adolescents importune des plus petits dans un bassin. Pour eux, ce sera «cinq minutes hors de l'eau», assis sagement le long d'un mur.
La routine. Mais pas toujours. Notamment avec des jeunes plus âgés, en nombre, et nettement plus réfractaires aux consignes. «Là, le rapport de force s'établit par le regard, une posture physique ferme. On se retrouve dans le rôle du père ou du grand frère qui peut mettre des baffes.» Des baffes à éviter justement, parce que l'après-gifle se révèle particulièrement délicat à gérer. «Généralement, dans un groupe, il y a toujours un jeune qui é