Yves Paccalet a raté une fois encore l'iris du pierrier. «Il était en bouton quand je suis venu il y a un mois.» Et, en cette fin juillet, il est fané. «Iris du pierrier passé», note le naturaliste-randonneur-globe-trotter d'une fine écriture dans le minuscule carnet qui ne le quitte jamais. Faute d'iris, il traquera le chardon bleu. Lui aussi pousse en haut des pentes escarpées et rocailleuses du massif des Bauges, en Savoie. Cette fois, le timing est bon, sa floraison débute à peine. Son calepin à la main, Yves Paccalet commence l'ascension. Cet arpenteur de la planète est dans son élément. A quelques kilomètres à vol d'oiseau du hameau de Tincave, en face de Courchevel, où il est né. Tous les dix pas, Yves Paccalet s'arrête. Pointe du stylo la gentiane à ne pas confondre avec le vératre blanc. Puis le lis martagon. Puis la poten tille du Dauphiné. Ressort carnet et stylo: «hêtres, planes, épicéas, sorbiers, sureaux». Ces notes serviront de base pour la rédaction d'un prochain ouvrage destiné à satisfaire la récente mais ardente passion des Français pour la randonnée (1).
La pente s'accentue. A part un petit sac à dos, Yves Paccalet randonne léger. Pas un gramme de graisse, des muscles longilignes. «J'ai un physique de marcheur au long cours.» Corps adolescent, visage de sexagénaire qu'il n'est pas encore. Le pied leste, insensible à la pente et à l'essoufflement, Yves Paccalet marche, s'arrête, se penche, se relève, écrit et parle. Inlassablement. La randonnée vire à la so