En haut de la triste façade de béton gris, une fenêtre reste souvent allumée jusque tard dans la nuit. Les fonctionnaires ont, depuis déjà des heures, quitté le bâtiment du ministère des Finances de la République de Serbie et seuls restent au rez-de-chaussée un planton et un policier de garde assoupis. Le ministre des Finances est un suractif qui aime ces moments de temps suspendu pour boucler un dossier ou recevoir un journaliste, avant de rejoindre l'appartement de sa tante et dormir quelques heures sur le divan du salon. Il vient seulement de trouver une maison à louer même si cela fait bientôt dix mois que ce jeune économiste franco-serbe a quitté un poste de directeur associé d'un cabinet de conseil pour s'installer à Belgrade. Parfois, il réussit à se libérer un week-end pour rejoindre sa femme sociologue et ses deux enfants restés à Paris. Sa seule détente est de taper dans un ballon. Le reste du temps, il travaille. Remettre sur pied l'économie d'un pays mis à genoux par trois guerres et deux embargos internationaux et dont le PNB a fondu de 60 % en dix ans, est une gageure. «On ne peut pas promettre grand-chose aux gens sinon de ne pas voler et de ne pas mentir», explique Bozidar Djelic.
Certains l'appellent Mickey Mouse pour sa petite taille et son air perpétuellement affairé. Son surnom le plus fameux est «Boza (diminutif de Bozidar) l'écorcheur» pour sa réforme fiscale et sa détermination à faire rentrer les impôts. En fait, c'est plutôt affectueux. Son sens de la