Elle dit: «Parfois, je regarde mon écran d'ordinateur et je me dis que tout ce qui m'entoure n'est pas très différent. Au Japon, tout est rangé, ordonné, comme dans les dossiers de mon disque dur.» Puis elle repart dans ses clics et ses messages électroniques. De son minuscule appartement de Minami Urawa, dans une banlieue labyrinthe à une heure de train de Tokyo, Ryon Sakurai aperçoit d'un côté des rails, de l'autre des rangées d'immeubles tous pareils. C'est peut- être parce qu'elle vit en permanence dans ce décor presque virtuel, que cette jeune Japonaise est devenue l'une des reines du Web de l'archipel. «Au départ, c'était un jeu. Je voulais faire partager ma passion et me faire des amis. Le reste est venu tout seul. Jamais je n'aurai pensé que quelques bouts de phrases et quelques photos en ligne pouvaient avoir un tel succès.»
Ryon Sakurai, 23 ans, est au pays du Soleil-Levant ce que les adolescents appellent une «Internet Idol» prononcez I-do-leu. Une midinette promue par la grâce du Web au rang de vedette éphémère avec tous les honneurs dus à son rang: interviews dans les magazines pour teenagers, photos imprimées sur des cartes à collectionner, contrat avec promesse de royalties dans une agence de mannequins, et plus de 500 membres actifs à son fan-club: «Ces gamines sont des machines à rêve», lâche un employé de Watanabe Entertainment, l'une des officines qui lance ce genre de star. «C'est le Japon du super-superficiel, rétorque un reporter du grand quotidien Asa