«C'était un après-midi idiot et chaud[...] Moi, ce jour-là, je jouais dans le bar sans nom/ C'est là où j'espérais te rencontrer/ J'ai enfilé un pantalon étroit...» Ainsi commence La Raja de tu falda (le Pli de ta jupe), l'un des hits du groupe Estopa que toute l'Espagne connaît sur le bout des lèvres. Ainsi commence l'une de leurs «chroniques de rue», l'une de ces histoires simples ou cocasses qui font le sel de leur répertoire. Ici, c'est l'histoire d'un type qu'une fille fait craquer grâce au pli de sa jupe. Là, c'est le récit d'un rêve, où l'auteur entre dans un casino, gagne le gros lot et s'offre une nuit orgiaque avec une blonde. Ailleurs, ce sont deux malfrats qui, tout juste sortis de prison, prennent leur voiture et s'amusent à battre des records de vitesse.
Estopa, c'est aussi une histoire de conte de fées. Celle des frères Muñoz, David, 25 ans, et José, 22 ans, recalés au bac, ouvriers dans une usine automobile devenus les derniers phénomènes en date de la pop espagnole. Deux calorros («titis») issus de Cornella (banlieue industrielle de Barcelone) qui, avec un argot compris de tous, des rythmes entraînants étiquetés «pop-rock rumbero», font danser toute l'Espagne. Il y a moins de deux ans, de retour de l'usine, ces musiciens apprentis devaient gratter leurs guitares dans la rue, pour ne pas empoisonner l'existence de leur grand-mère. Ils se produisent désormais à New York, à Mexico ou à Buenos Aires. Triomphent à Madrid devant 25 000 personnes, dont le roi Juan C