Soudain, elle exécute une sorte d'envolée légère vers sa droite. Une jambe qui fouette l'air, l'autre qui rétablit l'équilibre. Ses bras se font liane pour mieux étreindre. Sa tête se love dans le cou de son partenaire, qu'elle embrasse. Lui, emprunté, surpris, étonné d'une telle marque spontanée d'affection, mais heureux. Extraordinairement heureux, au point que ses yeux bleus s'embuent. C'était le 11 juillet, au ministère de l'Environnement. Pour une passation de pouvoirs entre deux ministres complices. La ballerine, c'était Dominique Voynet. Le baladin, Yves Cochet. Ce pas de deux, les deux ministres de l'Environnement l'exécutent, en public comme en privé, depuis plus de vingt 20 ans. Entre amitié et amour. «Compagnonnage, fraternité», préfère dire la ministre sortante. «Complicité, fidélité», s'aventure son successeur.
Yves Cochet n'existerait pas politiquement sans Dominique Voynet. Et vice versa. Lui, plus macho qu'il n'est réellement, n'hésite pas à prétendre qu'elle est «sa plus grande réussite politique». Elle, plus cabotine qu'elle n'est vraiment, assure que «seul Yves pouvait [lui] succéder». Ces deux-là se sont trouvés à la fin des années 70. «Ils sont tous deux séducteurs, explique un ami commun. Ils se sont séduits mutuellement.» Il avait dépassé la trentaine. Elle avait tout juste 20 ans. Cochet était déjà installé dans la vie, Voynet y entrait à peine. Docteur en mathématiques, il planchait sur «les aspects combinatoires et algébriques des grammaires formelle