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Libération
Portrait

Flou artistique

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publié le 11 septembre 2001 à 0h47

Dans la famille des cancres du fond de la classe, Gad Elmaleh était plutôt du genre bouche bée et pique-bulles. Pas un tchatcheur à la vanne qui tue, pas une terreur des bacs à sable. Non, plutôt un rêveur à côté de ses pompes, avec cet air perpétuellement stupéfait d'être vivant, là, au milieu des autres dont le spectacle ne cesse de le fasciner. C'est plus fort que lui, Gad Elmaleh mate, en permanence, de toute l'intensité de ses yeux bleus. Alors on regarde aussi, histoire de comprendre ce qui peut l'intéresser. Et, soit parce que l'oeil ralentit sa course, soit parce que Gad Elmaleh a le don de faire surgir l'absurde autour de lui, on se met à regarder de travers la touriste japonaise de la table d'à côté qui prend en photo son verre de jus d'orange...

Gad Elmaleh est un malentendu ambulant, une heureuse erreur de casting. La jeunesse des banlieues voit en lui l'un des siens qui a réussi; il est le rejeton d'une famille juive de Casablanca, «ni riche, ni pauvre». Lui, le juif séfarade s'amuse d'être souvent pris pour un Arabe, et ne dément pas. Tête de gondole de la nouvelle génération des comiques-stars, il sort du cours Florent où on lui avait prédit qu'il jouerait Tchekhov toute sa vie. «Le public a changé ces dernières années: on est devenus des rock stars. Il m'est arrivé de passer sept minutes sans pouvoir placer un mot après mon entrée en scène. On a l'impression de décoller avec un réacteur dans le dos. Ça devient tentant de réagir, de répondre mais alors on tombe

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