Irene Zoppi, 35 ans, a trois enfants, dont un bébé de 4 mois, Antonio. Elle a un bon mari, Tom, et puis un travail qu'elle aime aussi: l'accueil des étudiants étrangers à l'université du Maryland, à côté de Washington. Dans sa paroisse méthodiste, où elle est très active, elle s'occupe des problèmes des latinos. Elle a de très bons amis, c'est une femme gorgée de vie et de projets. Elle passe un PhD (doctorat) de philosophie.
Mais si on la rappelle demain sous les drapeaux, s'il faut aller en Afghanistan ou ailleurs, elle n'hésitera pas: «Je ne suis pas volontaire. J'ai un bébé, mes études... et puis j'ai déjà donné, dans le Golfe. Mais, si on me demande d'y aller, j'irai. C'est comme le mariage: je suis unie à l'armée pour le meilleur mais aussi pour le pire», dit-elle. Comme tous les 360 000 réservistes américains, la majore Zoppi garde son uniforme chez elle. Comme tous les autres, si elle est appelée, elle devra l'enfiler. L'université qui l'emploie devra continuer à la payer pendant douze jours, après quoi l'armée prendra le relais. Elle a déjà tout prévu. Andrew, Isabel et Antonio, les trois enfants, iront chez leurs grands-parents: ceux du New Jersey ou ceux de Porto Rico, on verra. Irene, évidemment, pourrait démissionner de l'armée. Mais, si elle le faisait, sa vie serait niée. «Je ne me suis pas bagarrée toute ma vie pour l'égalité de la femme pour fuir au moment d'une décision importante», dit-elle avec son joli accent espagnol. Irene et l'armée, c'est une très vie