Un bureau, une plaque, une secrétaire, le téléphone qui sonne, et pas mal d'argent en ligne. Comme du baume après la chute. Il prend des notes, aligne quelques zéros, demande soudain: «En francs, ou en CFA?» Puis il abrège: «On en reparle, je suis en réunion.» Il a l'air plus vif que mort Loïk Le Floch-Prigent. Encore en affaires, en tout cas. «Consultant pétrole et gaz», comme il dit, pour «pas mal» de pays du monde. «J'aime ce milieu.» Petit monde où des chefs d'Etat africains regardent vers la vieille république autrefois tutélaire, et glissent à l'oreille de l'ancien patron de Elf: «Ils sont devenus fous.»
Mot amical des anciens, nourris à la bouillie gaulliste. Il aime ça les amicales, Loïk Le Floch-Prigent, ça permet de compter les amis, surtout quand il n'y en a plus. La veille, il assistait à une réunion du groupe Mialet, regroupement de quelques pointures passées par le bureau d'un juge. Certaines préfèrent se faire oublier, Claude Bébéar ou Martin Bouygues ont décliné l'invitation. Mais Le Floch, lui, est content d'avoir passé sa soirée à dépecer l'avant-projet de loi pénitentiaire du gouvernement. Il est intarissable sur les suicides en prison. Il a les yeux écarquillés d'un type qui a dû, un jour, troquer sa montre chère pour des menottes, les mots d'un homme rentré chez la juge comme président de la SNCF et ressorti direction la Santé... «On est client du rail c'est moi qui ai fait changer le mot parce qu'on a le choix; on est usager de la prison, parce qu'on