Elle ne s'appelle pas Noémie. D'ailleurs, Noémie s'appelle Malika. Elle ne s'appelle pas non plus Malika. Cependant, comme Malika, elle «a été élevée par la République française. Elle est un pur produit de l'école laïque et obligatoire grâce à laquelle un enfant maghrébin peut parfaitement s'en sortir», comme dit Coline Serreau dans le dossier de presse de son film Chaos en évoquant le personnage de Malika-Noémie. Mot pour mot, ces propos valent pour celle qui transfigure ce double rôle. Rachida Brakni est son nom, son vrai nom. Celui d'une fille de Savigny-sur-Orge, née il n'y a pas un quart de siècle d'une mère femme de ménage et d'un père camionneur, tous les deux algériens. De tous les élèves sortis du Conservatoire supérieur national d'art dramatique en juin 2001, Rachida est la seule à parler l'arabe. A la maison, on parlait l'arabe, à l'école Rachida parlait le français. Aujourd'hui, nouvelle pensionnaire de la Comédie-Française, elle s'appelle Dona Maria de Neubourg, parle couramment le Victor Hugo. Tous les jours elle répète Ruy Blas sous la direction de Brigitte Jaques. La reine d'Espagne, c'est cette comédienne française prénommée Rachida.
Au printemps dernier, elle s'appelait Sarah. Un rôle beau comme un berceau, cadeau de Jacques Lassalle. Atteint par la limite d'âge, le metteur en scène avait choisi de quitter le Conservatoire par le biais d'une pièce, Après, swinguée de filiations et percluse de confidences. Bouclant sa boucle, il y racontait ses années doulour