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Portrait

Successeur story.

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Pierre Lescure, 56 ans, président de Canal +. Plus fils que père, il préfère l'aventure commune au pouvoir solitaire.
publié le 22 octobre 2001 à 1h20

Souvent, ils continuent à dire «Pierre». Et quand ils disent «Président», se glisse un rien d'ironie. Lui ne dit pas «Bonjour». Il dit «Salut». Et il est immédiatement là, chaleureux, intense, intéressant. Paraît qu'il a désormais recours au tailleur de Rousselet, mais il ne portera jamais l'habit directorial de la même façon que son prédécesseur à la tête de Canal +. Question de boutons de manchette décalés et de génération. Lescure est la pointe avancée des antiautoritaires, des décontractés du désir, des acharnés de la jouissance. Transparence et déconnade, délégation et tapes dans le dos. Sauf que le temps passe (il a 56 ans), que la machine grandit (4 000 salariés, 15 millions d'abonnés en Europe), que le panorama change (mondialisation, recul du politique, explosion des chaînes thématiques). Comment exercer le pouvoir quand on n'est ni un autocrate grognon, ni un maniaque du secret, ni un prédateur avide? Quand on est un baby-boomer chanceux et gâté? Comment «restructurer», c'est-à-dire virer des copains, éloigner des proches. Peut-être en refusant de tenir les rênes à pleine main, en se remettant sous tutelle. Rousselet hier, Messier aujourd'hui. Comme si l'immaturité réinventée, l'adolescence retrouvée, étaient les seules façons de résister au vent mauvais de la réalité, au sale air du business, au blues d'une époque qui a tué les pères et qui ne sait plus trop comment faire quand est revenu le temps de la responsabilité.

Allez, avanti pour un peu de psy de bazar. Pèr

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