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Libération
Portrait

En français dans le sexe

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Catherine Breillat, 53 ans, cinéaste et romancière transgressive.
publié le 23 octobre 2001 à 1h21
(mis à jour le 23 octobre 2001 à 1h21)

A l'abord, elle paraît inentamable, inarrêtable. Son discours est un fleuve chatoyant, qui charrie ses alluvions d'allusions à la guerre des sexes et ses pépites de pertinence sur les invariants masculin-féminin, mais aussi les chiens crevés de ses terreurs et de ses haines qu'elle a su fort bien éviscérer pour en faire 7 films, 5-6 livres, et une douzaine de scénarios pour Fellini, Pialat, etc. Elle parle, elle est toute dans la parole. Elle laisse refroidir sa sole grillée, goûte quand même en initiée le saint-julien, oublie son verre, et continue à jongler avec les mots, autant pour masquer une surprenante timidité que pour afficher un splendide orgueil. Le brio de son propos, sa rouerie dialectique, sa langue à la fois classique et jouissive expliquent mieux la ferveur qu'elle a déclenchée autour de ses thématiques sexuelles plus métaphysiques que psychologisantes. Avec Romance, elle ne s'est pas contentée d'être l'une des premières femmes réalisateurs capables de se confronter à la représentation frontale de l'acte sexuel, la voilà devenue la Liberté guidant le peuple à l'assaut des censeurs, des pisse-froid, mais aussi des machistes éternels. Elle ne se frappe pas d'être désignée comme l'une des scandaleuses officielles de la république des arts et lettres. La fonction lui convient et la compagnie (Despentes, Millet, Angot, etc.) n'y est pas mauvaise.

Elle parle, elle a des idées fixes et un propos rodé mais jubile de vous faire connaître sa «dernière théorie». On é