Lorsqu'on lui propose d'entrer à la Comédie-Française, l'acteur Marcel Bozonnet n'y a pratiquement jamais mis les pieds. Il y reste dix ans. On le nomme ensuite à la direction du Conservatoire supérieur national d'art dramatique, école dont il n'a jamais été l'élève. Neuf ans plus tard, lui qui n'a jamais dirigé un théâtre, revient à la Comédie-Française au poste suprême, celui d'administrateur général de la maison de Molière. Papa, qui l'eût dit, maman, qui l'eût cru?
Papa fait des gâteaux à Semur-en-Auxois. Maman tient la caisse de la pâtisserie, rue des Remparts, à 100 mètres du théâtre municipal. Au carrefour des années 50-60, les tournées du Théâtre de Bourgogne que dirige Jacques Fornier à Beaune passent par Semur. «J'avais 12 ou 13 ans, je me souviens avoir vu Roland Bertin dans un Camus.» Avant la représentation, Bertin et ses camarades viennent faire provision de sandwichs à la pâtisserie de monsieur Bozonnet, les restaurants ferment tôt dans cette bourgade bourguignonne.
«Il y avait alors deux courants à Semur, raconte l'enfant du pays. D'un côté, le couvent religieux avec la collégiale, de l'autre le théâtre avec sa fresque de grâces nues sur le plafond, peinte par un ancien décorateur de l'Opéra de Paris qui avait fait poser la même femme pour toutes les grâces dont l'une tient un parchemin sur lequel on peut lire: "A bas la calotte".» Le jeu entre dans son corps par la cour de la récitation «j'étais assez bon, je gagnais des concours cantonaux» et par le goût