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Béatrice Vialle, 40 ans, première femme française pilote de Concorde. A volé hier pour la première fois sur Paris-New York.
publié le 20 novembre 2001 à 1h40
(mis à jour le 20 novembre 2001 à 1h40)

On se croirait dans une pub pour le café. Un grand mas provençal, ocre et sienne, dans le pays niçois. A l'intérieur, tomettes et canapés en cuir moelleux. Deux gamins blonds font des pirouettes sur une pile de coussins. Leur mère leur jette un regard attendri. Puis se replonge dans ses lectures. Par les grandes baies vitrées, on aperçoit un palmier, une piscine, un court de tennis. Le jour décline. C'est bientôt l'heure du bain. Mais la mère, ce soir, ne pense pas aux verbes à réciter, aux cheveux à laver, aux pâtes à réchauffer. Elle étale face à elle plusieurs polycopiés et répète, le trac dans la voix: «circuits hydrauliques, servocommandes, freinage, alarmes...» On est à J ­ 4. Dans quatre jours, Béatrice Vialle survole pour la première fois l'Atlantique aux commandes du Concorde. Dans quatre jours, elle est la première femme française à piloter le «bel oiseau blanc». Une pionnière au volant d'un mythe.

«Je n'ai pas peur, c'est surtout de l'émotion.» Elle se renverse dans un canapé, allume une cigarette. Talons hauts, jupe noire fendue, maquillage et brushing impec, Béatrice Vialle est une très belle femme. De celles qui récoltent vingt-cinq «Bonjour madame ­ vous êtes très jolie ­ vous avez l'heure?» à la moindre sortie au supermarché, et que ça fait plutôt marrer. Bref, pour le cliché de la baroudeuse MLF, on peut toujours repasser. «Je ne suis pas vraiment féministe», dit-elle d'un ton d'excuse. «En fait, j'aime bien mon rôle de femme. Faire la cuisine, m'occuper des

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