Un couple s’apprête à s’embrasser à pleine bouche. Des rides parcourent, creusent, embellissent les visages de l’homme et de la femme. De l’amour, couleur sépia. Paulette Guinchard-Kunstler a choisi la photo elle-même. Au dos, la secrétaire d’Etat aux Personnes âgées écrit ses voeux. A certains heureux destinataires, «madame la ministre» glisse un roman, en guise de cadeau de début d’année. Dans Une si longue lettre (le Serpent à plumes), la Sénégalaise Mariama Bâ écrit: «Mon coeur est en fête chaque fois qu’une femme émerge de l’ombre.»
Ces temps-ci, c'est Paulette Guinchard-Kunstler qui émerge de l'ombre, et veut bousculer les «contraintes sociales». Elle est devenue, malgré elle, la favorite de Lionel Jospin. C'est un conseiller de Matignon qui l'affirme: «Elle fait partie du trio de tête avec Mélenchon (Enseignement technique) et Patriat (Commerce et Artisanat)». Chouchoute mais pas chouchoutée: Jospin se sert d'elle et des autres pour parfaire son image de candidat. Honnête et travailleuse. Paulette n'est pas du genre Pompadour. Elle n'en a pas le physique. Ni le sens de l'intrigue ou le goût du pouvoir à tout prix. Elle est du genre plutôt tâcheronne, bûcheronne même, cette native d'une famille de paysans du haut Doubs.
Sur ce coup-là, Jospin ne s'est pas trompé. Au lendemain des municipales de mars dernier, le Premier ministre cherche une remplaçante à Dominique Gillot. La secrétaire d'Etat aux Personnes âgées et aux Handicapés, qui n'a pas réussi à s'imposer, vient d'ê