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Libération
Portrait

Docteur désabuse

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publié le 19 janvier 2002 à 21h44

Ses parents tenaient un garage. Lui, il est médecin. Il répare le genre humain, celui qui peuple Aurillac et ses environs. Michel Chassang a grimpé avec hardiesse quelques barreaux sur l'échelle sociale. Il a fait la fac de médecine, s'est installé en groupe, puis, seul, a pris des responsabilités syndicales qui lui valent un fauteuil de cuir dans un bureau parisien. Aujourd'hui il passe à la télé. Porte-voix de la colère. Et soudain ses mots le trahissent: «La médecine générale est une voie de garage. Le médecin est devenu un technicien qu'on utilise à un moment de sa vie, comme pour un vulgaire problème de garage.» Paroles toutes faites de souvenirs, de cambouis sur les mains paternelles et d'ambitions déçues. Le généraliste est devenu un fonctionnaire de la médecine. L'échelle sociale est vermoulue.

Michel Chassang a 45 ans, il est le président du syndicat des médecins de famille (1). La fonction cache-t-elle un boutefeu chiraquien qui allume la mèche en période préélectorale ? Elle console plutôt un médecin qui se rêvait notable. Il est d'un temps où les facs de médecine ouvrent grand leurs portes. Fini l'époque ou les «fils de» reprennent la clientèle de papa, sans souci aucun du compte en banque, quand la maison faisait dans le village aussi bonne figure que celle du notaire. Et quand une main se tendait, cérémonieuse, pour recueillir manteau et chapeau à l'arrivée du docteur. Terminé ce temps-là. Un fils de garagiste peut prétendre au serment d'Hippocrate.

Il parle d'un