Il est là, assis sur son tas d'or, et il s'ennuie. Il est en jambes, nerveux et agressif comme un yearling, prêt à cravacher n'importe quel bravache qui lui ferait obstacle, et pourtant le monde des affaires le donne grillé, carbo', fini. Il a 56 ans, un swing de jeune homme qu'il entretient sur les greens de Chantilly, une chevelure qu'il peigne vers l'avant à la Jules César mais qui ne masque aucune calvitie, une envie intacte de lumière et de feu, de pouvoir et de gloire, et pourtant il est au rancart. Trop emblématique et trop sarcastique, trop exposé et trop explosé.
Il est l'un de ces technos qui ont fait passer la France du tout-Etat au tout-privé, en ne s'oubliant pas au passage mais en peinant à réaliser que la société du risque n'apurait plus les passifs comme la magnanime tutelle du passé. Il était serviteur de l'Etat, major de l'ENA, potentiel directeur du Trésor. Il a été bien servi par Balladur pour avoir bidouillé les «noyaux durs» avec son binôme d'alors, un certain Messier. Récompense: Elf-Aquitaine. Mais la rigueur de l'ultralibéralisme qu'il exalte aujourd'hui après avoir été formaté pour défendre l'Etat-providence, a fini par desservir le plus zélé de ses convertis. Total a boulotté Elf, et Jaffré a giclé, lesté d'un gros lot de consolation. Indemnités et stock-options mêlées, cela tourne aux alentours de 200 millions de francs (30 millions d'euros). Deux mille ans de Smic! Rien d'affolant chez les nababs du pétrole, rien d'étonnant dans le monde de la «cr