Ils avaient parlé longtemps des Super-étendard. Puis François Mitterrand avait raccompagné le couple à la porte du château. L’échassier à la mine sévère et la fille aux traits fins, dont les longs cheveux bruns rappelaient ceux de Mazarine. Le Président avait soufflé: «N’est-ce pas un peu ardu pour une jeune femme?» Stéphanie, 20 ans et quelques poussières, avait souri. Claude, 36 hivers de plus, s’était raidi.
Jacques Toubon, qui les a mariés, les surnomme les «Bonnie and Clyde du journalisme». Les voilà côte à côte sur leur canapé, Claude Angeli et Stéphanie Mesnier. Elle, tout en noir, comme évadée des pages mode du Figaro madame. Lui semble venu d'une autre République, avec sa courtoisie et ses immenses lunettes d'écaille. Le salon, boiseries de chêne et fresques champêtres, est authentiquement XVIIIe et ouvre sur les Arènes de Lutèce. Une dame repasse à l'office. Un samedi soir, invité chez Ardisson, il a lancé, levant un poing communiste, dans la pose du kolkhozien: «La seule chose que j'ai faite dans ma jeunesse, c'est ça.»
Le rédacteur en chef du Canard enchaîné venait parler de leur dernier livre à quatre mains. En quarante ans, il avait écrit un roman et un livre sur la police. Avec Stéphanie, il enfile les parutions comme les perles. Ils se sont connus grâce à Saddam Hussein: «C'était mon sujet de thèse de troisième cycle de sciences politiques, raconte Stéphanie, Claude a trouvé ça intéressant, moi je ne savais pas écrire. On s'est mis à travailler ensemble. Et un