L'invitation au portrait est reçue avec émotion. La voix frémissante accepte l'exercice sans une hésitation: «Qui pourrait refuser?» Longtemps homme de l'ombre, William Abitbol goûte son semblant de notoriété. Il n'est plus uniquement le conseiller, le faiseur de bons mots ou le concocteur de mauvais coups des années de compagnonnage avec Charles Pasqua. Aujourd'hui rallié à Jean-Pierre Chevènement, le député européen est entré dans la catégorie «homme politique», représentant auprès du «Che» d'une espèce un peu égarée: les souverainistes de droite. L'auberge est accueillante, pas très regardante. Même sur le pedigree du nouvel arrivant: quatre ans passés dans les rangs du groupuscule d'extrême droite Occident, un engagement auprès de Jacques Chaban-Delmas, et plus de vingt ans au service de Charles Pasqua.
Parcours logique, assure-t-il, d'un amoureux de la France, d'un dingue de la patrie, qui garde précieusement deux billets de 500 F en guise de souvenir et qui a dépensé pas moins de 12 000 euros (80 000 F) pour s'offrir une carte de voeux somptueuse en hommage à la vieille monnaie. «Un cinglé», jugent ses ennemis. «Un fou», admettent ses amis, qu'il a en petit nombre. Lui confie: «A 18 ans, déjà, j'étais antieuropéen. Cela tient peut-être au fait que je suis français sans en avoir les pièces d'origine.» Persuadé que le souverainisme transcende les clivages, il est passé sans états d'âme de la droite dure au chevènementisme. Par pur opportunisme, il a choisi le meilleur che