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Libération
Le portrait

Olivier Marchal, la patte du poulet

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publié le 19 février 2002 à 22h19

Avec sa gueule de fait divers, yeux bleutés noyés de fatigue, moustache en bataille, manteau de cuir râpé, Olivier Marchal, réalisateur un jour, flic toujours, débite son histoire sombre en rafales, comme pour doubler «à 300 à l’heure» le temps qui passe, «car ce que j’ai vu, peut m’arriver demain». La veille, la projection à Lille de son premier long métrage Gangsters, un thriller avec des pointures ­Richard Anconina et Anne Parillaud­ a tiré des larmes à des policiers du cru «désenchantés» qui se sont reconnus dans son film noir, très noir. «On s’est artillé au genièvre toute la nuit», dit-il, comme dans les années 80 avec ses collègues de la PJ de Versailles pour «oublier la merde». De l’eau de vie encore plein la calebasse, l’ex-inspecteur, «douze ans de police», comédien au théâtre, scénariste et acteur de séries policières, a du mal à s’extirper de son rôle de flic écorché, négatif, borderline, qui lui colle à la peau.

«Mon premier cadavre, je l'ai fait à 22 ans», un type à la tête trouée de trois balles, un règlement de comptes «dans les chiottes d'autoroute à Survilliers» (Val-d'Oise). Autopsie à la morgue de Goussainville. «Pour ton premier, tu t'en sors bien, celui-là est propre», lui a lancé son chef de groupe, c'est-à-dire «pas en décomposition, pas mangé par les asticots». A la sortie, l'inspecteur Marchal au look la Balance, diamant à l'oreille, cheveux longs, et santiags à bascule, a jeté sa veste en cuir tachée de sang indélébile, la même que celle de Claude B

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