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Libération
Portrait

L'école des mines

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publié le 21 février 2002 à 22h21

Au bout du chemin de Reguelongue, la maison penche un peu ­ «quand j'ai refait les planchers, il y avait sept centimètres de dévers». Deux cents ans d'exploitation du charbon ont fait tanguer les terrains de ce plateau de Lintin. Le vent souffle sur la maison, les genêts et les pins. Et sur ce qui reste des engins stationnés là de la «découverte», la mine à ciel ouvert du bassin de Carmaux. Il fait froid ce matin mais Patrick Garcia boit son café en tee-shirt. Sans vague-à-l'âme, ravi de ce qu'il est. «Je me suis fait un monde», dit-il.

Le dernier charbon est sorti en juillet 1997 de la fosse de Sainte-Marie. Il y avait encore 1500 mineurs en 1985. Ils ne sont plus que 30 aujourd'hui qui travaillent à sécuriser le site. «Et c'est fini dans six mois.» En juillet, le chef d'exploitation de la «découverte», Patrick Garcia, 45 ans, sera à la retraite. «Après nous, y a rien. C'est pas très motivant.» Puis il sourit: «Mais moi, je me suis calé sur autre chose.» La lande sens dessus dessous qu'il voit depuis sa fenêtre va devenir un immense amphithéâtre avec un lac au milieu et 650 hectares d'espaces naturels tout autour. Le «premier pôle européen du multiloisirs» avec des pistes de ski synthétiques et des chalets de bois québécois. Convertir les terres de Zola en monde de Disney, c'est une idée du député Paul Quilès, élu à Carmaux depuis 1993. «Il fallait vraiment arriver de l'extérieur pour animer un projet pareil qui viole les conservatismes locaux», réfléchit Patrick Garcia. Lui