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Libération
Portrait

La tentation de San Antonio.

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publié le 2 mars 2002 à 22h27

Au fond, lui dit Sophie, sa femme depuis trente-sept ans, «c'est un truc que t'as toujours eu en toi, ça, d'être dans la peau de ton père, de poursuivre son oeuvre». La fourchette se fige au-dessus de l'exquis poulet aux morilles, le visage de Patrice Dard, fils de et si semblable, aussi. «Ah bon, c'est toi qui le dis», dit-il, presque étonné, avant d'attraper le lalande-pomerol. C'est elle qui le dit et lui qui le fait, oser l'impensable pour les veuves littéraires éplorées du maître, mort en 2000, piaillant au lèse-San Antonio : le fils, comme Laurent Neuhoff continua Babar, reprend le flambeau, le beau commissaire, Béru, Pinuche, Marie-Marie et, bien sûr, le fils (adoptif) de San A, Antoine. Oui, Patrice Dard a écrit, sous son nom pour la première fois si on excepte les quatre-vingts livres de cuisine, «ça, ca ne dérangeait pas mon père», les nouvelles aventures de San A , sous le titre dardesque de Corrida pour une vache folle.

Avec lui-même dans le rôle du torero, tâchant de ne pas trop prêter le flanc à la critique qui l'attend au tournant de «ce San A à la place de San A», souffle sa femme : «Il a morflé, et c'est pas fini. Et pourtant, San A, c'est un personnage, c'est pas quelqu'un. Il faut différencier l'auteur du héros.» Son père était parti s'installer en Suisse loin des critiques, lui a choisi le village natal de sa femme, une rase campagne à quelques kilomètres de Mantes, où il reçoit volontiers, «venez déjeuner, ça sera plus sympa». Au vu des fameux livres de

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