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Libération
Portrait

Jugeote

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publié le 4 mars 2002 à 22h29

Peu d'affection a priori pour cette corporation fondamentalement conservatrice, relégitimée par une société déboussolée. Impression qu'en avant-scène les juges justiciers bastonnent des politiques inconséquents, tandis que, dans la coulisse, le business prolifère et l'anglo-saxonisation gagne. Vague sentiment que, par défaut, le pouvoir judiciaire finit par faire la loi, ayant jeté aux chiens présomption d'innocence et secret de l'instruction.

Donc, aller y voir, à l'heure où les héros de la décennie sont fatigués, où les redresseurs de torts ont le blues des esseulés, des agressés. Eric Halphen règle ses comptes avec ses tourmenteurs, Eva Joly remet cap au nord et Laurence Vichnievsky quitte elle aussi la «financière» pour la présidence d'un tribunal de grande instance. Cette dernière en profite pour publier un témoignage pédago et prudent sur une fonction exposée. Donc, aller voir la grande dame brune plutôt gauche de riches qui, sur l'affaire Elf, faisait équipe avec la Norvégienne blonde aux réflexes protestants. On se dit qu'on va tomber sur une flingueuse de puissants, une tueuse de réputations, une éradicatrice de turpitudes, et on découvre une nuancée pas si sûre d'elle, une femme qui tient à rester en conformité avec son milieu, «pas une militante, pas une théoricienne» (dixit un observateur).

Elle répète à satiété qu'elle n'est pas «dans la revanche sociale», qu'elle n'a rien de commun avec les «petits juges» crochant dans le gras mollet des élites repues, qu'elle ap

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