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Libération
Portrait

Près du but

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publié le 15 mars 2002 à 22h36

A Clairefontaine, m'en allant promener, j'ai trouvé une barrière. Deux gros bras derrière, mâchoires carrées scotchées sur talkie-walkie. Puis une deuxième barrière, deux gros yeux derrière, sous des sourcils soupçonneux. Ai senti la toute puissance du rêve populaire qui s'échauffe. Ai vu passer l'idole, petite foulée, tonsure qui progresse. Ai vu Jamel, l'acteur, au volant de sa voiture de l'espace, en visite chez les Gaulois conquérants. Ai rendez-vous avec le capitaine, Marcel Desailly. Un gorille grommelle qu'il est à la cantine. Il en sort en marche arrière. Il finit de raconter une blague. Carcasse élancée en survêt', portable porté sur la fesse façon pub, grand gosse finalement. Fort Knox n'est qu'un pensionnat, avec uniforme siglé sponsor, réfectoire et terrain d'entraînement. Il ne nie pas, le capitaine: «On est un peu connu, un peu riche, mais on n'est pas libre. Toute l'année on porte la tenue réglementaire. Tout est réglementé: l'heure du coucher, la sieste, l'heure des repas». Le langage aussi, rudimentaire et calibré pour médias pas difficiles.

Une chance, Marcel Desailly est en fin de carrière. Il a 34 ans, une Coupe du monde, et deux petites années devant lui et c'en sera fini. Il sera donc bientôt libre de choisir la couleur de son tee-shirt le matin, laissera derrière lui vingt années de vie réglée, minutée, et tendue vers le seul football. Fin, donc, de la totale prise en charge, émiettement de la coquille. Le matelas financier sera plus que confortable, ma