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Libération
Portrait

Le désenchanté

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publié le 25 mars 2002 à 22h42

Sevran et ses fantômes. D'abord, Mitterrand. En entrant, le portrait officiel, là par terre. Il esquive: «Ce n'est pas fait exprès, je l'ai posé comme ça en déménageant.» Puis celui de Stéphane, le compagnon disparu. Sur l'étagère, la photo de l'essayiste Emmanuel Berl côtoie celle de Dalida et encore celle de Mitterrand, et encore Stéphane. Seule âme qui vive dans cette galerie de portraits: la mère de Pascal Sevran jeune, de faux airs de Danièle Darrieux. Lui est assis derrière son bureau. Des feuilles blanches volantes sur un sous-main. Pascal Sevran écrit son journal, pas ses Mémoires ­ «J'ai l'impression d'être un vieux ministre quand vous dites ça»-, il inscrit les minutes de sa vie. Pourquoi? Silence. Jette un regard par la fenêtre sur un Paris comme frappé de stupeur ­ les quais, Notre-Dame ­ où seule la Seine est en mouvement. Loin du vibrionnant chanteur de thés dansants, loin du personnage en Technicolor qui fit les beaux après-midis de la télé dix-sept ans durant, Pascal Sevran vit dans un appartement aux couleurs de l'automne: boiseries, canapés de cuir, rideaux mordorés. La chemise est sobre, la voix pas si assurée quand il finit par répondre: «Parce que la vie sans lui me paraissait difficile.»

1er janvier 1999: Pascal Sevran entame son journal. «J'ai commencé à l'écrire quelques mois après la disparition de Stéphane. Je ne savais pas que je pouvais m'arrêter, m'astreindre à cette introspection.» Ce sera la Vie sans lui, le récit d'une absence, de dix-huit ans

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