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Libération
Portrait

Devoir d'insoumission

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publié le 1er avril 2002 à 22h53

Il se bat pour la paix, mais il n'a rien d'un pacifiste. Tous les ans, Ishaï Menuchin ressort son uniforme d'officier pour assurer sa période de réserve au sein de l'armée israélienne. Tous les ans, il fixe à ses supérieurs sa propre limite, qui se confond avec la fameuse «ligne verte» dessinée entre Israël et les territoires palestiniens. Depuis le temps, son discours est rodé : d'accord pour servir le pays ­ comme chaque Israélien se doit de le faire environ trois semaines dans l'année jusqu'à 45 ans ­ mais pas question de franchir l'invisible frontière pour défendre une mauvaise cause. «Nous vivons au coeur du Proche-Orient ! Nous avons besoin d'une armée pour nous défendre !», explique ce grand gaillard de sa voix douce. «Mais je refuse de participer à l'occupation de la Cisjordanie et de Gaza. Je ne veux pas réprimer les Palestiniens à seule fin de protéger des colonies !»

Ce professeur d'université, né en Israël et fier de l'être, n'est pas un cas isolé. Depuis plusieurs semaines, des centaines d'autres réservistes n'hésitent plus à tenir publiquement ce discours. D'abord timide, le mouvement de contestation s'est développé à coup de pétitions dans la presse nationale, glaçant les plus hauts responsables du pays. Sans le soutien des réservistes, qui forment les deux tiers de ses effectifs, l'armée israélienne risque de se vider de l'intérieur, incapable d'assurer les missions que le gouvernement lui assigne dans les territoires palestiniens. Que se développe le mouvemen

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