Il n'affiche guère le faciès cabossé des «pilars» d'antan. Ces parallélépipèdes que l'entraîneur invitait à malaxer le ballon, avant le match, dans les vestiaires, en leur disant : «Profitez-en, il ne sera plus question ensuite pour vous d'y toucher.» Belle gueule et sourire radieux, Pieter DeVilliers (1,84 mètre, 105 kilos) évoque plutôt un champion de surf ou un héros de série télévisée. Un adepte de ces sports extrêmes (trekking, rafting, saut à l'élastique...), qu'il adore pratiquer à ses moments de loisir. A l'approche de la trentaine, il n'a plus rien à voir avec le gamin un peu rondelet qu'un éducateur simplet du collège de Malmesbury, sa ville natale, imposa d'office en tête de mêlée : «J'aurais bien voulu jouer troisième ligne ou trois quarts centre car je courais vite, mais comme il n'y avait pas d'autre petit gros dans l'équipe, je suis resté pilier.»
Il en a été bien inspiré. Car, à 6 ans, ce fils de fermier de la province du Cap possède déjà, sans le savoir, toutes les qualités qui vont faire de lui le meilleur pilier droit de sa génération. Et une pièce maîtresse du futur XV de France.
A l'époque, pourtant, il n'a qu'un seul désir : endosser un jour la tunique verte des Springboks, l'équipe nationale d'Afrique du Sud, comme deux de ses grands oncles l'ont fait auparavant. Raison pour laquelle il s'inscrit, en agriculture, à Stellenbosch : «Une université réputée pour ses activités rugbystiques. Beaucoup de Springboks sont passés par là.» Tombé dans la marmite dès