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Libération
Portrait

Sexplicites

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publié le 15 avril 2002 à 23h01

Le synopsis, c'est ça : Sophie et Julien Gamelin, la trentaine, 3 enfants, bientôt 4, fidèles pendant leurs huit premières années de mariage, vivent désormais l'un et l'autre des amours contingentes affichées et acceptées. Comportement qu'ils revendiquent et mettent en lumière devant la caméra crue mais jamais cruelle, de Daniel Karlin. Avec Bernard et Violette, les échangistes de Picardie, avec Cathy, la femme libre de Lyon, ou avec Daniel et Karine, les handicapés jeunes mariés, ils montrent que la sexualité des Français a changé et qu'explose la chape de plomb de la monogamie hétéro et du mensonge sentimental. Karlin, documentariste reconnu, théorise ça comme «le refus de l'hypocrisie et la volonté de ne plus dissimuler des désirs plus ambigus et plus complexes que ceux traditionnellement tolérés». Sophie, Julien et les autres tombent bien sûr dans la «loftisation» du moment (brouillage privé-public, intimité surexposée) mais ils contribuent surtout à faire reculer la «ségolénisation» des esprits (restauration de la famille, criminalisation de la sexualité, sanctification de l'enfance, etc.). Il y aura bien sûr des pisse-froid néopuritains qui verront dans la démocratisation du «jouissez sans entraves», l'imposition d'une nouvelle norme. Mais, ils veulent quoi ? Le retour à l'ordre ancien ? Frustrations, stigmatisations et tutti quanti ? Il y a donc Sophie et Julien à l'écran. Et Sophie et Julien à la ville. Ils sont les mêmes, ils sont autres. Evidemment.

Il pleut sur Bor