«Qu'est-ce que tu fous dans la police ?» «T'es dans quel camp ?» «Tu défends les voyous ?» «T'es arabe ou quoi ?» Dans la maison poulaga depuis dix-huit ans, Erik Blondin apparaît parfois comme un renégat. Pourtant, l'atypique accusé de «tolérance excessive» défend sa profession comme pas deux. Ce leader d'un syndicat antitotalitaire et archiminoritaire (50 flicards de base) dénonce certes les «débordements» de collègues mais toujours relativise : «Les brutalités et le racisme sont le fait d'une minorité.» Si l'uniforme ne revêt pas plus à ses yeux qu'une «tenue de travail pour distinguer le policier d'un postier ou d'un vigile», Blondin porte haut le titre de son métier : «Gardien de la paix, c'est la chose dont je suis le plus fier. Ramener la paix sociale par l'intervention de police.» A 45 ans, le sans-grade refuse avec force de prendre un galon de brigadier pour rester «gardien de la paix» à 2 050 euros par mois (avec les primes) : «Je ne veux pas vendre mon idéal pour 380 euros.»
Au commissariat du XIVe arrondissement à Paris, Blondin travaille en brigade de jour, la «J1» avec des coéquipiers réglos. La brigade de nuit s'appelle la «N», «et non pas la haine», glisse perfide l'anti-cow-boy. Police-secours, accueil des plaignants, contrôle routier, patrouilles pédestres, parfois chef de poste, l'écorché vif s'occupe du tout-venant, régler les «différends familiaux», secourir des accidentés, escorter des «GAV» (gardés à vue) à l'Hôtel-Dieu ou ramasser des «ivresses» sur la