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Portrait

Fille à la trappe

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Margaret Salinger, 46 ans, fille de l'auteur mythique de «l'Attrape-Coeur», publie ses souvenirs tourmentés.
publié le 24 avril 2002 à 23h09
(mis à jour le 24 avril 2002 à 23h09)

Elle est «heureuse», c'est elle qui le dit. Une femme élégante au regard bleu azur qui s'inquiète de savoir si son rouge à lèvres n'a pas débordé pour la photo. A lire ses «mémoires» pourtant, on s'attendait à quelqu'un de tourmenté, mal dans sa peau, peut-être un peu névrosé. Son éditeur français n'avait-il pas suggéré qu'elle n'était «pas facile» ? Mais non.

Parce que la météo avait prévu de la pluie sur Boston, elle a donné rendez-vous dans un cabinet d'avocats de ses amis, tout en haut d'une tour du centre-ville. Le décor est celui d'une salle de conférences, stérile et sans attrait, avec pour seul avantage une vue superbe sur le port. Et quelque part, on a l'impression que cela la rassure. Cet environnement de travail, lisse, cet immeuble imposant au coeur de la cité, à mille lieues des mystères et des secrets familiaux.

Quand elle se présente, elle dit tout simplement «Peggy Salinger». Et c'est évidemment le nom que l'on retient. Margaret Salinger, 46 ans, dite Peggy, fille de J. D. Salinger. Le seul romancier ayant su écrire un livre qui n'en finit plus de marquer les générations (l'Attrape-Coeur), pour disparaître ensuite dans un exil volontaire d'où il n'est pas sorti. Depuis 1965, Salinger n'a parlé à personne ou presque, publié aucun ouvrage, et s'est retranché dans un coin perdu du New Hampshire où il entretient sa légende. Ultime héraut d'un monde littéraire qu'il avait lui même qualifié plus jeune de «vil et commercial».

Margaret, elle, a brisé le mythe. Après le

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