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Libération
Portrait

L'affronteuse

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publié le 26 avril 2002 à 23h10

Elle aurait, dit-elle, «aimé se tromper». Croire que «le rapport de force» ne porterait pas aux portes du pouvoir un parti qu'elle rêverait de voir moisir dans un placard du passé. Mais, jamais, elle n'avait pensé «ça». ça : pour la première fois «depuis Pétain et Vichy, l'extrême droite est en situation de prétendre à diriger la France». Pour la première fois, la France chancelle «face au poison» auto-inoculé . Pour la première fois depuis longtemps, l'amoureuse de polar français (Jonquet, Benacquista) a connu ce dimanche des sueurs froides. «Dès l'après-midi, contacts et réseaux nous alertaient : Le Pen gonflait, gonflait, gonflait.» A 20 heures, elle a «su». La nuit tombée ­ ciel de pois, esprits poisseux ­, elle pointait en tête de manif dans Paris.

Depuis, elle a peu dormi ; mine fatiguée et timbre las, elle se livre avec pudeur. Depuis, dans les locaux de Ras l'Front ­ elle est membre du secrétariat national ­, huit webmestres, cinq permanents s'agitent. Gèrent, chaque jour, 2 000 appels ou sollicitations via le Net. Pour manifester, ou se manifester. Semer, dit-elle, les graines de «la résistance», résister aux «mauvaises graines.»

Le militantisme «moral», l'engagement «universel», l'implication politique ne coulent pas de source. Elle est née à Bar-le-Duc, en Lorraine. «Une famille de classe moyenne», évacue-t-elle. D'entrepreneurs, plutôt de droite. Où parler politique, à table, se faisait à couteaux tirés. «Trop délicat de tomber d'accord.» Son adolescence épouse le

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