Petite histoire : le dalaï-lama est aux Etats-Unis, dans un building. Il prend l'ascenseur. En bas, les portes s'ouvrent, une dame peine à retenir un cri de surprise, devant ce monsieur tête, bras et pieds nus, drapé de rouge et de jaune. Il dit alors gentiment : «Ne vous inquiétez pas, madame, je suis un ami de Richard Gere.» L'anecdote est vraie. Elle fait sourire Richard Gere. Non, il ne la connaissait pas. Il est, ce jour-là, descendu au Ritz, décor doré pour star en tournée promotionnelle. Un moine bouddhiste passe dans le couloir, tel un oiseau qui annonce la couleur : une matinée avec Richard Gere n'est pas ce que l'on croit. Il est l'ami du dalaï-lama. Pas le genre de type à vous mettre le feu aux joues. Il s'est levé tôt. Sa journée commence par une séance de méditation. «Chaque matin tu forces ton esprit à travailler, tu te motives pour la journée, tu fixes ton esprit vers les autres. Cette interview aussi c'est de la méditation.» Glurps ! Et il ajoute onctueux, visage lisse, chemise ouverte sur quelques grigris. «Je me suis dit : faut trouver un moyen de lui donner un sens.» Sens unique.
La première question mène à une impasse. Dans son dernier film, Infidèle, il est le mari cocu. Il a troqué ses reflets argentés pour un châtain très commun, et montre le thorax fort peu athlétique d'un type ordinaire, lorsqu'il rentre dans sa baignoire. Gere laisse donc à un autre plus jeune, plus ténébreux, le soin d'irradier la pellicule. Il y a deux ans déjà, Robert Altman avait