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Libération
Portrait

Dense du ventre

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publié le 5 juillet 2002 à 0h18

Le chat, il le fait très bien. Mais c'est le tigre qu'il préfère. Toutes griffes dehors, il bondit et, avant de retrouver le sol, semble égorger à toute vitesse une proie imaginaire. Il se redresse, souffle, salue. Maître Kim est en France. Pour la première fois, il a obtenu l'autorisation de venir au pays des droits de l'homme et des arts martiaux réunis. Dans la communauté vietnamienne, c'est un événement, et, pour les membres de l'école française Van an Phai, une révélation. A 44 ans, il est le maître du Vô Co Truyen, l'art martial autrefois en vogue à la cour impériale de Hué. Ces gestes, entre combat et danse, forment le rituel du «bien vivre» depuis des décennies au Viêt-nam, la seule tradition, sans doute, qui ait tenu le choc dans un pays dévasté par les guerres et les calamités.

«Notre maître»... Ainsi, Frédéric Lê Tan, son principal élève français, présente-t-il Truong Quang Kim, un à un, aux membres de l'école Van an Phai réunis ce jour-là dans un gymnase de Versailles. Les grands gaillards de banlieue s'inclinent respectueusement devant le petit homme. 1,60 m, court sur pattes, massif et le ventre bien rond, Kim serait l'aboutissement physique le plus élaboré du combattant Vô. La taille et la densité sont synonymes d'explosivité, de rapidité ; le ventre n'est pas arrondi par la bière mais par la parfaite maîtrise de la technique respiratoire du Khi Công, art des flux et des points de concentration de l'énergie répartis dans le corps entier. On peut toucher, tâter,