Dernier de nos sept portraits consacrés à un personnage mythique pris dans l'actualité 2002.
Chaque soir, à l'heure du baiser de feu que le jour qui s'en va adresse au désert et des premières pépites de fraîcheur qu'un vent d'ouest rapporte de la forge du couchant, elle maudit ses parents de l'avoir appelée Laylâ. Ce prénom, c'est son père qui l'a imposé. Il l'a pris du coeur de l'Arabie, où il avait émigré pour travailler sur un gisement pétrolier. Car ce prénom n'est pas si fréquent en Afghanistan. Même si la légende de Laylâ, les yeux de Laylâ, les sortilèges de Laylâ ont débordé sa géographie originale, le brûlant plateau du Nedjd dans l'actuel royaume saoudien, pour s'imposer, il y a plus de mille ans, dans les pays arabes, déferler ensuite sur la Perse, aborder au pays des Afghans et envoûter sur son passage des générations de miniaturistes, de musiciens, de conteurs et de mystiques. L'histoire rappelle celle de Roméo et Juliette. Universelle, elle a aussi inspiré le poète français Aragon, avec son Fou d'Elsa. Elle raconte une ivresse amoureuse insensée. Celle d'un tout jeune homme mais déjà grand poète, appelé Qays, de la noble tribu des Banou Amir, pour Laylâ, sa cousine. Une histoire qui finira mal, comme toutes les grandes passions. Maladroit dans sa déclaration, Qays a froissé dans un poème l'honneur du père de Laylâ, qui lui interdira à jamais de l'épouser. Il jettera ensuite sa fille en épouse à un autre homme.
Aimanté par un chagrin si violent qu'on dirait une se