Là se tient «le dernier salon mondain où on parle encore culture urbaine» dit Joey Starr. Il y diffuse en direct son émission de radio, Skyboss, tous les samedis de 20 heures à minuit et les jeudis de minuit jusqu’à plus de voix. C’est sa cave : quatre mètres carrés taillés dans la pierre, avec un sampler, une console sur lesquels Joey compose, les platines des trois DJ (Naughty J, Terror Seb, son manager, Spank, son colocataire), et deux micros dans lesquels rappent les invités, debout, pour économiser l’espace. Pas un tag, contrairement aux locaux des autres radios qui programment du hip-hop. Le locataire des lieux veille : «Ce n’est pas parce que c’est chez moi que c’est la fête. Je ne veux pas qu’on pisse partout dans les coins. C’est ça taguer, marquer son territoire. A Radio Nova [où il a commencé à rapper en 1988, ndlr], c’est vrai, je taguais dans l’enceinte de l’immeuble. Mais ce n’était pas chez quelqu’un que je connaissais. On n’est pas des sauvages, tout de même.»
A l'adolescence, Joey Starr, de son vrai nom Didier Morville, connaît d'autres souterrains : les tunnels du métro parisien, les catacombes, pour taguer et aussi pour dormir : «On se disait que la ville était une aire de jeux. Mais je ne souhaite à personne de se lever le matin, la gueule par terre avec des pieds qui passent devant toi. Quand tu galères, tu tombes dans des trucs pour suspendre le temps : l'alcool, et des choses plus dures pour ne pas avoir froid, faim et pour oublier l'heure.» A la majori