Biondini, 26, avenue des Champs-Elysées. 20 heures. Mademoiselle Lolita Pille pile devant les shoes pailletées, strassées, irisées, qui irradient comme dans une garde-robe de Koweït City. «On vient toutes ici», dit l'auteur de Hell, «les mémoires d'une pétasse», rayon ethno-trash Grasset. Miss Pille étrenne des tongs en tendre cuir lilas. Lorsqu'elle clic-claque sur le pavé, on peut lire sous la voûte plantaire, en lettres d'or, Gucci (350, rue Saint-Honoré), comme les lunettes de soleil de la largeur d'un pare-brise. Miss Pille dit que chaussures, sacs, pashminas : avec ça, il ne faut pas rigoler. Du beau, et le beau, c'est toujours cher. Mais un top, elle relève un menton de bébé volontaire vers le magasin Zara, «un top, j'en ai trouvé un à 15 euros, je le croyais pas». Miss Pille tire sur ses longs cheveux noirs, ses doigts formant Babyliss pour un autodéfrisage. Le sac, tout petit, surpiqué, c'est Fendi (24, rue François-Ier). Sonnerie du mobile. «Quoi, t'es bourré mon chéri ? Huit bouteilles de rosé ? J'arrive, j'arrive.» A l'ouest de la Concorde, le soleil inonde l'avenue aussi large qu'un fleuve d'Amazonie. Lolita Pille oblique vers le sombre canyon de la rue Marbeuf. «Merde, ma tong neuve, dans le caniveau.» Rue Marbeuf, on dîne au milieu des pare-chocs. «Ça devient mieux par ici. Tout ce qui est à l'est de l'obélisque est populaire, pas de bons restos, pas de boutiques, des visages moins beaux. Je hais les pauvres.» Elle est sérieuse. Une fille riche, miss Pille ? P
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publié le 22 août 2002 à 0h43
(mis à jour le 22 août 2002 à 0h43)
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