Avec Jim Palette, il faut procéder par petites touches. Sous ce nom haut en couleur se dissimule un personnage fluctuant, rétif à la définition. Il vous accueille en gare de Chartres, sourire timide sous une casquette de base-ball. Coiffe aussi incongrue sur cet homme à la cinquantaine sobrement élégante qu'une machine à coudre sur une table de dissection. Des casquettes, pourtant, il en a porté beaucoup : celle de critique d'art (entre autres à Libération de 1977 à 1986), de peintre, de poète lettriste, puis, en vrac, celle de musicologue, chroniqueur télé, metteur en scène, cinéaste, professeur aux beaux-arts, romancier, chorégraphe (il est le seul spécialiste mondial de la danse des doigts), voix off, pique-assiette et chômeur. Son dernier couvre-chef est celui du guide de la maison d'Illiers-Combray (voir photo) où Marcel Proust enfant passait ses vacances. «Un travail alimentaire, dit-il, totalement routinier, même si j'aime bavarder avec certains visiteurs. Pas tant les amoureux de littérature que les physiciens, venus quelquefois y puiser l'inspiration de leurs théories de l'espace-temps.» Un contre-emploi en somme, car n'était sa grande courtoisie, il ne faudrait pas le pousser beaucoup pour qu'il avoue son peu d'intérêt pour la Recherche.
Jim Palette n'est pas comme son actuel gagne-pain à la tête d'une oeuvre fleuve. Ses deux romans n'encombrent pas les rayonnages avec leurs 50 et 70 pages. Peu importe la quantité. Si le premier, les Montagnes de Worchester, écrit p