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Libération
Portrait

Chemin de crue

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publié le 31 août 2002 à 0h48

Un chemin défoncé, puis une flaque, à la place de ce qui devrait être la cour : il faut encore un peu patauger pour arriver jusqu'à Roland Görmer, patron d'entreprise inondé. Un parmi les milliers qui ont perdu leurs machines, leurs bureaux ou leurs commerces dans les crues qui ont ravagé l'Allemagne ces dernières semaines. Roland Görmer surgit de la flaque, brandissant une brochure où sa petite entreprise de tournage fraisage se montrait sous son meilleur jour. «Regardez», commence-t-il, comme s'il devait s'excuser de la dévastation. «Ou regardez sur ma page Internet. Vous verrez comment c'était, avant !»

Avant, c'est-à-dire avant le déluge qui a inondé tout ce village de Prettin, 2 300 habitants, entre Dresde et Berlin, l'histoire de Roland Görmer était celle d'une des trop rares success-story de l'est de l'Allemagne. Il était cadre dans un combinat de la RDA, mis sur le carreau une première fois, à 35 ans, par la réunification. Il a galéré plusieurs années au chômage, avant de reprendre et réussir avec cette petite entreprise où il a mis toutes ses économies, ses relations et son énergie. «Ma recette, c'est fiabilité, qualité et flexibilité», confie-t-il, oubliant que, pour l'instant, ses machines sont noyées. Depuis 1997, il avait investi 2,5 millions d'euros, des prêts bancaires pour l'essentiel. Selon les premiers experts passés chez lui, les dégâts pourraient s'élever à 1,5 million d'euros.

Que l'Elbe puisse un jour traverser son usine, Roland Görmer ne l'aurait jamais