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Libération
Portrait

Nicole Garcia, les fausses confidences

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A 56 ans, la comédienne et réalisatrice, vient de sortir «l’Adversaire», vraie histoire d’imposture.
(Patrick Swirc)
publié le 5 septembre 2002 à 0h51

Paru en dernière page de «Libération» du 5 septembre 2002.

A l’heure de l’apéritif, elle se jette comme une gamine sur les chips. Et sursaute quand un serveur lui donne du «madame Garcia». «Cela me fait toujours drôle. J’ai l’impression qu’on s’adresse à ma mère.» Elle préfère qu’on l’appelle Nicole Garcia, son nom de jeune fille. Sur la banquette du café, elle ne cesse de gigoter, glisse un pied déchaussé sous une fesse. A 56 ans, elle a encore des manières d’adolescente qui n’aime pas se maquiller. La conversation a tout de suite pris, agréable et directe, comme si on venait de retrouver une bonne copine après les vacances. Elle parle de la «peur animale» d’avant la sortie de son dernier film, l’Adversaire avec Daniel Auteuil. «J’étais une actrice qui faisait des films. Je suis devenue une cinéaste qui se souvient de temps en temps qu’elle est actrice.» Les phrases s’enchaînent, les mots sont saturés d’émotion ­ «vertige», «doute», «effroi», «inéluctable», «impasse» ­, Nicole Garcia aime les citations (Claudel, Sartre, Resnais…). Tout ça ronfle parfois, sonne légèrement creux : «Le temps qui passe devient tragique», «l’homme jeté, écrasé, l’homme sans dieu». Elle livre ses émotions, semble s’épancher, chercher loin dans son intelligence les réponses. En fait, elle trie.

Nicole Garcia est avant tout une comédienne. Elle donne l’illusion de la confidence sans trop s’égratigner intérieurement. Elle glisse juste ce qu’il faut d’el