Avec son allure pataude, sa façon de parler laborieuse, Jacques Santini trompe son monde. Sa nomination à la tête de l'équipe de France, sortie du naufrage asiatique, a surpris les uns et les autres. Il ne manque pourtant pas d'atouts, ni d'expérience, mais souffre d'une difficulté chronique à communiquer simplement. Pourtant, comme dit un de ses amis, «Santini a oublié d'être con, et ça fait un moment que ça dure». D'ailleurs, pour décrocher le job, il a fait allégeance, reconnu ses lacunes, et promis des efforts. «Aujourd'hui, se soumet-il, la communication est à la base de tout.» Et parfois de malentendus.
En public, ses discours ressemblent à des cadavres exquis. Il ouvre une parenthèse, ajoute une précision, suivie d'un contrepoint, puis vient une nuance, etc. Le tout très lentement, en pesant chaque mot. Un modèle de prudence, d'obsédé du détail. Cela peut donner par exemple, mardi dernier : «La défense n'échappe pas à ce nouveau visage, ou plutôt à cette nouvelle approche du travail défensif. Mais il n'y a personne de visé individuellement quand je dis cela, même si, à l'image des autres lignes, ceux qui avaient été choisis au dernier match doivent donner une autre image, même si cela fait de toute façon partie de remises à niveau normales de tout joueur.» Etc.
A sa décharge, Jacquet puis Lemerre, ses prédécesseurs, étaient également mystérieux. Santini s'en sort d'ailleurs mieux. Et semble plutôt en progrès. Jusqu'en mai, il entraînait l'Olympique lyonnais. Et pouvait