Paru en dernière page de «Libération» du 5 novembre 2002.
Qu’importe le titre, reste l’ivresse du coursier. Il s’était, comme prévu, présenté à la guérite de l’Elysée muni du dernier Sulitzer. C’était il y a deux ans. Le garde républicain l’a fait entrer au palais, l’a fait asseoir, et, surprise, le Président en personne est descendu chercher le livre, sourire et tape dans le dos en prime. Soit Jacques Chirac est un fan de Paul-Loup Sulitzer. Soit il s’ennuyait beaucoup en ces années de cohabitation et de suffisance jospinienne. Paul-Loup Sulitzer ne fournit pas la réponse.
On dirait qu’il boude dans son décor trompe-l’œil. Il refuse de dire quand il a vu le Président pour la dernière fois. Son dernier livre débute au soir d’un deuxième tour aux allures de plébiscite républicain et s’invite dans les salons élyséens d’une plume qui semble familière. Fausse piste, l’idée n’est pas de lui. L’écriture pas son truc, ce qu’il ne dément plus que très mollement d’un «on n’a rien compris à mes méthodes de travail». Ce pavé-là rejoindra les autres, rangés par ordre alphabétique dans la bibliothèque de son bureau. Alors, peut-être, ces quatre photos de lui et du chef de l’Etat, sur le mur près de la fenêtre, témoignent-elles d’une relation particulière : Chirac serre la patte de Paul-Loup, Chirac marie Paul-Loup, Chirac est à côté de Paul-Loup… Il ne les commente pas. Les signes extérieurs de sa richesse ressemblent désormais à des cache-misère. Exemple, ses costumes croisé