L'ex-ambassadeur d'Israël à Paris est fatigué. Calé dans son fauteuil, dans le salon d'un grand hôtel de la capitale, Elie Barnavi dénoue sa cravate et demande à mi-voix une cigarette. Grosse fatigue après ses presque deux années passées à Paris à représenter Israël au temps de la seconde Intifada et d'une vague d'actes antijuifs sans précédent dans l'Hexagone depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale. «Ambassadeur en sursis», il se sentait. Remercié, il est, depuis la fin septembre. «Soulagé», jure-t-il, de rentrer en Israël pour y retrouver sa chaire d'histoire à l'université de Tel-Aviv. Son rappel met un terme à une expérience de vingt-deux mois, où cet historien égaré en politique s'est échiné à défendre des positions pour le moins inconforta bles. «A aucun moment, durant ces deux années, je n'ai eu le sentiment de peser sur les décisions», regrette Barnavi.
Nommé, fin 2000, par Schlomo ben Ami, le ministre des Affaires étrangères d'un Ehud Barak en perdition, cet ancien travailliste et ex-militant du mouvement la Paix maintenant a assumé l'essentiel de sa tâche sous le gouvernement d'union nationale d'Ariel Sharon, approuvant sans barguigner la réoccupation des territoires autonomes palestiniens par Tsahal. Son soutien sans faille à la riposte militaire de Sharon aux attentats-suicides palestiniens en a surpris plus d'un. Mais où est donc passé le Barnavi modéré, apôtre du dialogue avec les Palestiniens ? Cet intellectuel au physique d'acteur, apprécié à Paris pour se