Un jour, Fabrice Santoro a dit : «Je veux devenir un vrai joueur de tennis.» Il avait 24 ans. Il en aura 30, le 9 décembre. Et personne ne peut contester qu'il est un vrai joueur de tennis. Qui peut remporter la Coupe Davis ce week-end. Après l'avoir gagnée l'an dernier. Fabrice Santoro est un garçon charmant, pas ramenard pour deux sous et un joueur de tennis d'un drôle de genre. Sans grand palmarès individuel. Sans grande reconnaissance en dehors d'un milieu dont les noms les plus prestigieux (Agassi, Sampras) assurent pourtant qu'il est l'un des joueurs les plus impressionnants. Par sa science du jeu. Sa capacité à faire réapprendre à son adversaire la géométrie d'un demi-court de tennis et lui faire (re)découvrir toute la richesse d'un jeu où l'on peut aussi gagner même quand on ne tutoie pas le double mètre et qu'on ne possède pas les coups qui tuent. Régis Brunet, son agent, dit joliment de Santoro qu'il «engage un discours avec son adversaire». Et, faute d'arguments massue, l'adversaire en question peut se retrouver noyé par la rhétorique Santoro. C'est un plaisir de le voir jouer. En coup droit ou en revers, il tient sa raquette à deux mains comme un gamin tiendrait une télécommande de voiture. Et c'est vrai que parfois, il semble guider la balle à distance.
Fabrice Santoro «adore le tennis, pas forcément la vie de tennisman professionnel». Il n'aime pas ne pas être maître de son calendrier et regrette qu'avant même le début de l'année, «trente-trois semaines soient d