«Pour vous, je vais faire mon malin.» De sa poche intérieure, Jean-Louis Dumas extrait une pochette de cuir rouge, épaisse comme un étui à peigne. Puis de l'enveloppe, une mini-boîte d'aquarelle, le pinceau, une fiole d'eau en forme de poisson. Tout le sortilège enfantin des nécessaires miniatures, dans la poche d'un costume en je-ne-sais-quoi impondérable, coloré d'une pochette en soie demi-teinte. «Dans les conseils d'administration, c'est toujours amusant», dit le PDG d'Hermès International, regard pétillant au-dessus de lunettes de lecture.
Chez «Zhermès» au 24, rue du Faubourg-Saint-Honoré, le «h» est muet et on s'autorise la liaison à mort , il a aménagé une garçonnière dans les combles. Un fouillis-fouillas effervescent et nostalgique à base de panthère empaillée enfuie d'une vitrine, de batterie de jazz (hobby d'ado), de dessins de Renzo Piano, qui signe la boutique de Ginza, à Tokyo : un arbre aux racines à l'envers. «Le symbole de notre maison. Chez Zhermès, nous captons l'air du temps. Avec nos racines.» Dans cette cellule chargée comme une planche d'Hergé, on oublie que Jean-Louis Dumas est un des vingt patrons les mieux payés de France. 1 773 256 euros par an à la tête de sa «petite grande maison». Eclat de rire d'un ami : «Tant que ça ? Il n'a pas la maison de ces revenus. Rien de bourgeois chez lui : un méli-mélo affectif, où le galet côtoie l'objet précieux, dans un appartement pourtant sublime avec vue sur les Invalides.»
Le crâne poli comme un cuir de chez